Ressence vient de rejoindre les marques de Chronopassion. Où en est-on aujourd’hui depuis la première rencontre ?
Benoît Mintiens :
Le plus singulier, c’est qu’il n’y a jamais vraiment eu de rencontre à proprement parler ! Avec Laurent, on s’est croisé sur des salons, plusieurs fois. Mais je ne préfère pas aller vers les détaillants, c’est mieux quand ce sont eux qui découvrent le produit de leur initiative.
Effectivement, c’est beaucoup plus confortable…
Benoît Mintiens :
C’est vrai ! (rires). Mais c’est surtout que le détaillant qui s’arrête devant une Ressence est, a minima, intrigué par l’objet. Ca me permet d’engager la discussion et de cerner le propriétaire. Le contact s’établit souvent de la sorte. Mais parfois, l’alchimie ne se fait pas.
Laurent, tu confirmes ?
Laurent Picciotto :
oui. Je suis du genre instinctif. J’ai regardé, ça m’a plu. J’ai trouvé l’approche de Benoît très maline, techniquement différente de ce que j’avais l’habitude de voir. Et puis, chez Chronopassion, on aime bien faire partie de l’aventure dès le début, c’est dans l’esprit de la marque.
La question de la pérennité de la marque doit néanmoins se poser, non ?
Laurent Picciotto :
Bien sûr, comme pour toute marque. Mais quand j’ai vu la deuxième génération de Ressence arriver, j’ai constaté que l’on n’était pas dans le cadre d’un one shot. Avec Benoît, c’est à partir de ce moment là que l’on a commencé à vraiment discuter. Il avait plein de bonnes idées.
Benoît Mintiens :
Lancer une marque requiert beaucoup de recul, surtout pour moi qui ne suis pas horloger de formation. Le plus difficile a été de trouver de bons horlogers et de bons fournisseurs et ça on ne s ‘en rend compte que lorsqu’on s’apprête à livrer la montre. Laurent m’a conseillé sur la technique avec réalisme pour faire en sorte qu’à aucun moment il n’y ait de compromis sur la fiabilité des pièces.
En résumé, si tu pouvais revenir en arrière et changer certaines choses, tu le ferais.
Benoît Mintiens :
Le contraire serait prétentieux ! Ressence navigue à la croisée du design industriel et de l’horlogerie. C’est une approche qu’il aurait fallu bien expliquer. J’ai pensé des mouvements, des mécanismes, des pièces, que l’horloger de formation traditionnelle n’avait jamais vus dans ses cours. Plusieurs horlogers m’ont d’ailleurs cassé des pièces, mais je ne peux pas leur en vouloir, ils opéraient simplement suivant des schémas appris dans la vallée de Joux ou ailleurs, lesquels n’étaient juste pas applicables à Ressence. Pour réduire l’écart j’ai créé un livre d’assemblage comme pour faire un lego.
Laurent Picciotto :
La pédagogie, Benoît, c’est exactement comme cela qu’il faut procéder ! (rires). On en revient toujours aux mêmes fondamentaux. C’est la même chose pour moi : Un client n’achètera une pièce que s’il l’a comprise, appréhendée, ou si au minimum elle n’excite pas sa curiosité d’en savoir davantage sur elle.
Qu’est-ce qui t’a décidé à t’engager avec Benoît ?
Laurent Picciotto :
Il avait une bonne idée, dès le départ, et surtout la foi dans son projet. Il faut soutenir ce genre d’initiative, surtout quand le produit final apporte quelque chose de résolument neuf à notre microcosme.
Benoît Mintiens :
Avec Chronopassion, nous sommes surtout des partenaires.
Pour la suite de l’aventure, on garde les mêmes et on continue, ou bien on change deux ou trois choses pendant qu’il est encore temps ?
Laurent Picciotto (les bras au ciel) :
Son emploi du temps ! (rires)
Benoît Mintiens (soupir) :
Oui, je sais, tu m’en parles souvent !
Laurent Picciotto :
Alors fais-le ! Je sais que ton activité de designer nourrit ta création horlogère, mais la nouvelle génération de Ressence va demander un investissement supplémentaire…
Journaliste : Olivier Müller (11/2012)