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Who's Who, Strom

WHO'S WHO

Qu'il est bien rare le moment où Laurent Picciotto concède avoir retenu une pièce sans avoir aucun intérêt pour son mouvement ! Il ne s'en cache pas : en choisissant Strom, il a choisi une marque qui avait "zéro prétention horlogère". Quel fût alors le motif de l'attraction fatale entre le propriétaire de Chronopassion et le sculpteur de ces pièces aux motifs apocalyptiques ? "La boîte", concède-t-il. "Tout est dans la travail de la boîte, dans ces gravures intenses, rock'n'roll, voire gothiques". 

Pourtant, ce n'est pas la première fois qu'un amateur de ce type de motifs se présente rue Saint Honoré. Hélas, Laurent Picciotto regrette que les pièces qu'on lui ait apportées dans ce registre aient toujours été "un peu cheap". Il faut dire que nombre d'artistes, ou prétendus artistes, se sont jusqu'à présent réfugiés derrières la puissance de leurs design pour mieux en masquer l'exécution sommaire, brouillonne. Chez Strom, style et bienfacture vont de paire. Le premier, radical, sans concession, affiche anges de la mort et crânes dans de massives boîtes en argent, finies à la main. Leur réalisation, elle, est ciselée par un véritable graveur dans des boîtes brutes ou serties, dotées de cadrans nacrés. 

Ces détails, cette finition, ne sont pas immédiatement perceptibles. Laurent Picciotto lui-même concède avoir eu à de nombreuses reprises des photos des montres sans qu’elles n'aient retenu son attention. Il aura fallu attendre l'appel d'un ami pour que l'homme en passe une au poignet. "Viens, j'ai quelque chose de vraiment original", lui aurait-il dit. Et Laurent Picciotto de répondre qu'il connaissait les visuels et que la pièce ne l'intéressait pas. Avant de finalement se rendre chez cet ami et de tomber, lui aussi, en arrêt devant la puissance des pièces. 

En faisant entrer Strom chez Chronopassion, Laurent Picciotto mesure d'emblée le risque de clivage : "en faisant le choix de proposer des pièces aussi typées, on a une moitié de gens qui vont trouver cela totalement importable, quand l'autre moitié trouvera cela indispensable".

Ce n'est pas la première fois qu'une pièce fera débat chez Chronopassion, certainement pas la dernière non plus. 

Journaliste : Olivier Mûller 01/2013