Moteur: Le mouvement de la LM101 ressemble à celui de la Legacy Machine N°1, mais ce n’est qu’une apparence. Un examen approfondi révèle qu’il est question d’un calibre totalement différent. Il ne s’agit pas seulement d’une version réduite de la LM1, mais d’un mouvement spécialement développé en interne par MB&F, conçu pour s’intégrer parfaitement dans un boîtier de 40 mm de diamètre.
Au cœur de tout mouvement de montre mécanique, on trouve un balancier et un spiral dont les oscillations doivent être isochrones (de durée constante) pour assurer la précision. Le créateur de MB&F, Maximilian Büsser a une fascination de longue date pour les balanciers à oscillations lentes des montres de poche d’autrefois – 2,5 Hz / 18’000 A/h au lieu des 4 Hz / 28’800 A/h usités aujourd’hui. Ce n’est donc pas une surprise qu’il ait commencé par là.
La surprise vient de la manière radicale dont il a réinterprété la tradition. Le balancier n’est plus comme de coutume dissimulé au dos du mouvement. Il flotte majestueusement au dessus et très haut, au-dessus des cadrans.
Placé ainsi, l’oscillateur peut être jugé d’avant-garde. Il reste cependant traditionnel avec sa grande taille, 14 mm de diamètre, ses vis de réglage expressément développées pour MB&F, son spiral à courbe Breguet et son piton mobile. Les dernières versions comprennent un double spiral, aperçus pour la première fois sur les éditions « Performance Art » LM101 nées de la collaboration MB&F x H. Moser & Cie, en 2020.
Si vous trouviez que le balancier de la Legacy Machine N°1 était grand, il semble encore plus grand dans le diamètre réduit de la LM101.
Cadrans et indications : Alors que le balancier suspendu animé domine la LM101, les cadrans blancs immaculés de l’heure (heures et minutes) et de la réserve de marche sont tous deux esthétiquement attirants et très lisibles grâce au fort contraste des aiguilles bleues.
L’effet tridimensionnel produit par le balancier flottant dans l’espace est accentué par les cadrans blancs, aux aiguilles en or bleui, qui flottent juste au-dessus du mouvement. Ces cadrans légèrement bombés et translucides sont réalisés avec la technique de la laque tendue – on applique plusieurs couches de laque que l’on chauffe pour qu’elles s’étirent sur la surface du cadran.
Pour assurer la pureté esthétique des cadrans, une fixation sophistiquée placée en-dessous élimine la nécessité des vis visuellement gênantes. Un fin cercle doré entoure chaque cadran pour renforcer le classicisme intemporel.
Finitions raffinées et légitimité historique : Alors que le mouvement a été entièrement développé en interne, c’est le célèbre maître horloger Kari Voutilainen qui a pris la responsabilité d’assurer la justesse historique du design des ponts et des finitions raffinées du mouvement.
Un décor soleillé gravé à la surface de la platine (côté cadran) attire subtilement l’œil sur différents points de vue, sans détourner l’attention des cadrans blancs de l’heure et de la réserve de marche ainsi que du balancier suspendu flottant. Mais c’est dans le style et les finitions des ponts et platines visibles au verso du mouvement que Kari Voutilainen a particulièrement excellé. Il a merveilleusement respecté l’histoire à travers des ponts aux
formes incurvées et, comme le veut la tradition, largement espacés entre eux et par rapport au bord du boîtier.
Au verso du mouvement, des rubis surdimensionnés logés dans des chatons en or polis à l’extrême forment des contrepoints saisissants aux côtes de Genève qui traversent les ponts aux courbes sensuelles. S’ils créent un lien avec les pierres rencontrées dans les beaux mouvements de montres de poche anciennes, ces coussinets ont aussi un rôle fonctionnel. Ils accroissent la longévité car ils reçoivent des pignons de grand diamètre et contiennent plus d’huile.
Inspiration et réalisation : L’idée des Legacy Machines a germé lorsque Maximilian Büsser s’est demandé : « Que se serait-il passé si j’étais né en 1867 au lieu de 1967 ? Avec l’apparition des premières montres bracelets au début des années 1900, j’aurai eu envie de créer des machines tridimensionnelles à porter au poignet. Sauf que Goldorak, Star Wars et les avions à réaction n’auraient pas été là pour m’inspirer. J’aurais eu les montres de poche, Jules Verne et la Tour Eiffel. A quoi allait donc ressembler mes machines du début du XXe siècle ? Elles auraient forcément été rondes (selon la tradition) et tridimensionnelles (dans le style MB&F). Ma réponse : les Legacy Machines. »
Maximilian Büsser a de profondes affinités avec les montres de poche des XVIIIe et XIXe siècles. Presque toutes les complications d’aujourd’hui ont été imaginées durant cette période et ce, avec seulement un crayon et une feuille de papier, sans l’aide de logiciels sophistiqués. Les composants d’une remarquable précision — proche des standards actuels — étaient fabriqués sur des machines archaïques, sans électricité, avant d’être finement décorés, assemblés et réglés avec une qualité que nous aurions du mal à égaler aujourd’hui. Les dimensions généreuses par rapport aux montres bracelets modernes autorisaient des mouvements à l’architecture épurée, avec des ponts et des platines magnifiquement dessinés.
Si toutes les Horological Machines futuristes de MB&F sont basées sur le meilleur de l’horlogerie traditionnelle, Maximilian Büsser a voulu rendre un hommage plus appuyé à l’histoire en imaginant la montre qu’il aurait créée s’il était né cent ans plus tôt. Avec leur grand balancier à oscillations lentes, leurs cadrans bombés, leurs ponts au design historique et leurs finitions classiques raffinées, les Legacy Machines donnent au rêve une réalité très contemporaine imprégnée d’élégance traditionnelle.